vendredi 24 juin 2011

COLD MAILMAN – Relax; The Mountain Will Come To You (Krakesolvt, 2011)

Quand ils ne brûlent pas les églises sur fond de black metal sataniste, les musiciens norvégiens sont capables de la plus grande délicatesse, qu’ils jouent du folk au coin du feu comme les Kings Of Convenience ou bien de la pop sophistiquée comme la très chouette Anja Garbarek. Le groupe qui nous occupe aujourd’hui vient d’Oslo et jusqu’à la semaine dernière, je n’en avais jamais entendu parler. Merci à mon frère Julien, dénicheur de pépites professionnel - vous pouvez lire ses chroniques web ici et - d’avoir faire tourner la splendide vidéo nocturne du single « Time Of The Essence ». Dès les premiers arpèges de guitare, j’ai senti que j’allais tomber raide dingue de Cold Mailman. « I’ve been here before » répète le chanteur Ivor Bowitz. C’est vrai, on a déjà entendu ça quelque part (The Notwist, Gravenhurst, Belle and Sebastian) mais rien à faire, cette musique d’une indicible mélancolie brise le cœur à chaque écoute.

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mercredi 22 juin 2011

BLUEBOY - If Wishes Were Horses (Sarah Records, 1992)

Mercredi, jour de pluie. Un vrai temps à l’anglaise. Le taux d’humidité idéal pour exhumer les pop-songs tendres et fragiles de Sarah Records. Au tournant des années 80-90, une poignée d'initiés a entretenu le culte Sarah en collectionnant les 45 tours de ce micro-label de Bristol qui conjuguait passion et amateurisme. Vingt ans plus tard, une série de rééditions digne de ce nom – avec inédits et notes de pochettes – permet de rouvrir la malle aux trésors et de réévaluer l'importance de groupes comme The Field Mice ou St Christopher. Méconnus mais tout aussi essentiels, Blueboy comptent parmi les fleurons du catalogue Sarah, avec leur mélodies couleurs pastel, leurs guitares aux accents bossa-nova, leurs voix timides et romantiques. La quintessence du genre, « too good to be true » pour reprendre un titre de ce premier album qui n'a rien perdu de sa belle innocence.

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lundi 20 juin 2011

THE SAND BAND - All Through The Night (Deltasonic, 2011)

Faut-il redire l’importance de Liverpool sur la carte de la pop anglaise ? Les Beatles et le merseybeat n’ont fait qu’ouvrir la brèche. Depuis, bien d’autres ont régalé nos oreilles anglophiles, à commencer par le grand Michael Head dont l’œuvre complète (Pale Fountains, Shack, The Strands) mériterait bien quelques posts sur ce modeste blog. Et que dire des La’s dont l’unique album (The La’s, 1990) reste une référence incontournable du genre ? Plus récemment, les garnements de The Coral ont ravivé la flamme de cette pop éternelle avec une série de disques déjà promis au rang de classiques. Ce qui nous amène à la dernière trouvaille locale, The Sand Band, dont le premier album est sorti en catimini début 2011, d’où cette piqûre de rappel histoire de lui redonner une chance. The Sand Band, pour schématiser, c’est un peu The Coral au clair de lune, un genre de pop paisible et acoustique, susurée du bout des lèvres par le chanteur/songwriter David McDonnell. Si le cœur vous en dit, écoutez tout particulièrement la mélodie frémissante du superbe « The Secret Chord ». Cette chanson tourne en boucle sur mon i-pod depuis six mois. Impossible de m’en lasser.

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vendredi 17 juin 2011

CARMINE - Lumielle (Karina Square, 1995)

Question piège: citez cinq grands disques de pop française des années 90. La Mémoire Neuve de Dominique A ? Le premier Diabologum ? Celui des Little Rabbits ? Les Mauvaises Fréquentations de Katerine ? Pour moi, tout en haut du palmarès, il y aurait Lumielle de Carmine, avec ses mélodies à tiroirs, son chant polyglotte – anglais, français, allemand ! – ses guitares dissonantes, entre Sonic Youth, The Raincoats et Young Marble Giants. Le trio parisien, malgré des critiques dithyrambiques, n’a jamais dépassé le statut de groupe culte, la faute peut-être à un petit label (Karina Square) aux ambitions trop modestes. Anyway ! Raison de plus pour chérir à jamais ce trésor caché, introuvable en magasin, mais dispo depuis peu en téléchargement payant. 

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jeudi 16 juin 2011

NADADORA – Todo el frio del mundo (Jabalina, 2005)

Souvenir de vacances: Espagne, été 2005. Un petit disquaire indé de Madrid. A l’époque, la scène espagnole est suffisament séduisante (Refree, Sr Chinarro, Migala) pour me donner envie de creuser plus loin. Flatté de mon intérêt pour la production locale, le vendeur m’oriente vers son coup de cœur du moment, le premier album de Nadadora, un jeune groupe de la région de Valladolid. Plaisir fugace et immédiat: un titre en particulier « Incendio#3 » semble avoir été écrit spécialement pour moi. Une mélodie en apesanteur dans la veine de Mojave 3, un rythme électro cotonneux à la Lali Puna, et cette voix de fille en espagnol, douce et obsédante. Je l’écouterai en boucle et l’associerai à jamais à ce beau moment d’évasion ibérique. Dommage que Nadadora – malgré deux autres albums parus depuis – n’ait jamais réussi à percer de ce côté-ci des Pyrénées. Aujourd’hui encore, ma petite trouvaille trône fièrement dans ma discothèque. J’avais envie de vous la faire partager.

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THE DELGADOS – The Great Eastern (Chem. Underground, 2000)

Et la chrysalide devient papillon… Fin 2000, les écossais The Delgados créent la surprise avec ce troisième album d’une richesse inouïe. Comparé à leurs deux premiers opus, efficaces mais classiques dans le registre noisy-pop, The Great Eastern marque plus qu’un tournant, une métamorphose. Au mixage, le producteur américain Dave Fridmann, sorcier des studios, remarqué un an plus tôt pour son travail sur le titanesque The Soft Bulletin des Flaming Lips. Ici encore, Fridmann impose sa patte: effets de réverb et de saturation, sons compressés à l’extrême… Sous sa houlette, les Delgados réinventent le psychédélisme moderne, à grands renforts d’arrangements luxuriants (plus de 70 pistes sur certains titres !). Malgré la lourdeur des moyens mis en œuvre – cordes, cuivres, claviers, instruments à vent – les chansons restent lisibles et accrocheuses : le talent d’écriture du groupe explose au grand jour, avec deux songwriters pour le prix d’un - Alun Woodward et Emma Pollock. La marque des plus grands. Après ce coup d’éclat, le quartet de Glasgow poursuivra l’aventure avec Hate et Universal Audio, deux autres albums d’excellente facture, avant l’implosion finale. The Great Eastern, album majeur des années 2000, reste le plus beau testament de ce groupe encore méconnu.

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mercredi 15 juin 2011

SCUD MOUNTAIN BOYS - Massachussetts (Sub Pop, 1996)

Que ce soit en solo, avec son groupe The Pernice Brothers, ou sous pseudo (Big Tobacco, Chappaquiddick Skyline), Joe Pernice poursuit depuis vingt ans sa quête de la mélodie parfaite. Dans un monde idéal, ses refrains pur sucre passeraient en boucle à la radio. Dans la vraie vie, il faut écumer les bacs des disquaires (oui, ça existe encore...) à la recherche de ses albums, pour la plupart épuisés de longue date. C’est dans une vieille boutique de Châlon-sur-Saône (Sneakers pour les intimes) que j’ai mis la main il y a quelques années – en vinyle, s’il vous plaît – sur une copie de Massachussetts, le troisième et dernier Scud Mountain Boys (1996). Après un nombre incalculable d’écoutes, je vous le confirme: c’est un bonheur de chaque instant, un vrai classique moderne dans le genre pop-folk, plus proche des délicates productions 70’s de Jackson Browne ou America que du courant bricolo/lo-fi à la mode au milieu des 90’s (Smog, Palace, Silver Jews). Depuis, Joe Pernice a affirmé son penchant pop avec les Pernice Brothers (The World Won’t End, 2001, meilleur album des Zombies depuis Odessey & Oracle), mais n’a plus jamais atteint une telle qualité d’écriture et d’interprétation.

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L’ALTRA - In The Afternoon (Aesthetics, 2002)

Dilemme cornélien : quel album choisir au moment d'inaugurer ce blog ? Pour donner le ton et annoncer la couleur, je ferai le choix du coeur : ce sera In The Afternoon de L'Altra (2002). Dans mon panthéon personnel, parmi les grands disques de pop mélancolique que je chéris plus que tout, le deuxième album du groupe de Chicago occupe une place bien particulière. Depuis sa sortie il y a près de dix ans, il conserve intact son charme et son aura mystérieuse, se dévoilant un peu plus à chaque écoute. Quelqu’un a parlé d’aquarelles à propos de ces chansons. Tout ici semble s’accorder à merveille : les voix diaphanes de Joseph Costa et Lindsay Anderson, les arpèges de guitares en cascade, la rythmique feutrée, les touches discrètes de piano, de cordes et de cuivres. L’Altra joue sur du velours, comme plongé dans un demi-sommeil, et dégage une mélancolie diffuse, sans pathos ni excès. Depuis ce chef d’œuvre, le groupe a connu des hauts et des bas, des escapades en solo, et un retour inattendu récemment sur le label espagnol Acuarela. Sur leur site, on peut lire : « L’Altra have been quietly making music for a decade ». Quietly, le mot est faible. C’est dans l’indifférence générale que L’Altra a bâti l’une des œuvres les plus essentielles de la pop actuelle. Il n’est pas trop tard pour réparer cette injustice. 

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